10 Octobre 1954, 06h30. Charmes-la-Côte (France). Un dossier extra... terrestre ?!
Depuis plusieurs années, je collectionne les anciennes cartes postales de Charmes-la-Côte qui, pour la grande majorité, remontent à la première moitié du XXe siècle. Selon moi, elles représentent une source de renseignements de premier plan pour remettre en contexte les évènements passés de la période : elles plantent un décor. En réalité, je n'en connais ni de plus anciennes ni de plus récentes qui présentent cette caractéristique de servir autant à l'histoire carpénienne... si ce n'est peut-être une, rarissime, d'une vue aérienne remontant à la deuxième moitié du XXe. Et cette ancienne carte postale m'attendait patiemment, le temps de ma sensibilisation à la thématique de cartophilie (c'est à dire longtemps), dans les archives familiales !! Je n'ai pas eu besoin de prospecter bien loin et d'explorer toute la sphère Internet, en particulier les sites de ventes aux enchères spécifiques, ni même de me la faire parvenir de l'autre bout de la terre. Elle était là, sous mes yeux...
Ce document, ma « rencontre du troisième type » en somme, me semble parfaitement approprié pour vous parler de l'apparition d'un O.V.N.I. près de Charmes-la-Côte le dimanche 10 octobre 1954, en illustration de mon propos. De plus, son timbre, puisque l'ancienne carte postale a circulé, est clairement millésimé 1954... Sacré hasard, non ?! À croire que son photographe était embarqué dans l'engin volant, à croire qu'il était à la fois, à travers son objectif, témoin oculaire et objet volant non identifié, spectateur et acteur de l'histoire. Cette ancienne carte postale est mon O.V.N.I. à moi !
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Carte postale, collection Vincent-Lamarque |
Un communiqué de l'Agence-France-Presse (A.F.P.) publie l'information le mardi 19 octobre 1954. Le journal national France-Soir la communique le jeudi 21 octobre 1954. Voici l'anecdote relatée par ce dernier :
10 Octobre 1954, 06h30. Charmes-la-Côte (France).
Roger Thiriet, gardien à la prison d'Écouvres, roulait en motocyclette quand il vit soudain un objet couleur d'aluminium ayant la forme d'une assiette, avec une coupole et deux hublots. Il avait environ 2 mètres de diamètre, 1 mètre de haut et s'éloigna immédiatement.
S'en font également l'écho les journaux régionaux Centre-Matin, « Après les soucoupes, les assiettes volantes », et Le Nouveau Nord Maritime du jeudi 21 octobre 1954, « Un engin lumineux et rond atterrit près d'Aire-sur-la-Lys », ainsi que le journal local Le Pays d'Auge, Tribune du mardi 26 octobre 1954, « Chronique interplanétaire ??? ».
Mercredi 20 octobre 1954, l'article extrait de l'édition touloise de L'Est Républicain relate l'anecdote avec plus de détails et s'essaie même à une interprétation du phénomène. Mais avant de vous retranscrire ici le papier, il est nécessaire de rétablir le fait divers dans son cadre historique des derniers mois de l'année 1954, un climat socio-politique pesant, car d'autres faits similaires se produisent simultanément dans tout le pays et cela pose question aux contemporains des observations ! Les ufologues parlent de la « vague française de l'automne 1954 » (source : Patrick Gross et son formidable travail de compilation de données sur son site internet Les OVNIS vus de près).
Parmi les indénombrables explications données, certains spécialistes élaborent la théorie, « conspirationniste » dirions-nous de nos jours, d'opérations militaires pilotées par les grandes instances étatiques de la France, pour le bien de l'intérêt général : il faut distraire l'opinion publique, détourner le regard de la population en créant un écran de fumée sur les vrais problèmes que le gouvernement a à résoudre. Défaite française à la bataille de Diện Biên Phu et capitulation du pays dans la Guerre d'Indochine. Hausse manifeste du terrorisme au Maroc, alors sous protectorat français, pour l'autodétermination. Début de la Guerre d'Algérie, alors territoire français, avec la décision des nationalistes algériens d'une insurrection armée et la création d'un Front de Libération nationale (F.L.N.). Dégradation de la Quatrième République. Etc.
D'autres spécialistes, plus terre à terre si je peux dire et des décennies après, n'y voient que des « effets de contraste » que le soleil et la lune peuvent provoquer sur nos rétines, les E.C.S. et les E.C.L.
Coiffée d'une coupole, percée de hublots, sans vie apparente à bord
Une soucoupe volante se serait posée à proximité de Toul
Elle provenait de l'Antarctique, estime le témoin de l'atterrissage
TOUL (de notre rédaction). - La ronde des soucoupes volantes et autres engins volants à configurations multiples, avait, selon toute apparence, boudé le ciel toulois, si ce n'est l'évolution à basse altitude, il y a quelques temps, à Gondreville, d'un disque étrange.
Ce délaissement n'était que temporaire, car à présent le Toulois peut verser au dossier de ces phénomènes son témoignage, et ceci grâce à M. Roger Thiriet, âgé de 40 ans, surveillant au centre pénitentiaire d'Écrouves, domicilié rue du Petit-Bien à Blénod-les-Toul.
Sa vision remonte au 10 octobre, mais jusqu'à ce jour, il avait préféré garder le silence craignant d'être la risée de ses collègues et des habitants de la commune. Ce sont les apparitions enregistrées presque quotidiennement qui l'ont incité à s'ouvrir de l'étrange apparition dont il a été le témoin.
Le 10 octobre donc, vers 6 heures 30, M. Thiriet se dirigeait à motocyclette vers son lieu de travail. Le jour n'était pas encore levé et, de plus, un brouillard assez dense gênait la visibilité. Soudain, près du pont de chemin de fer qui enjambe la R. N. 60, très exactement au carrefour que forme cette route avec celle menant à Charme-la-Côte, le surveillant aperçut, dans la lumière projetée par le phare de sa machine, une forme couleur d'aluminium. Arrivé à une dizaine de mètres, il identifia une « soucoupe ».
Au beau milieu du carrefour
« Elle était posée, me semble-t-il, à même le sol mais je ne puis dire en raison du brouillard si elle reposait sur des béquilles, nous a-t-il confié. Elle avait environ 2 mètres 40 de diamètre et 1 mètre 40 de hauteur. Coiffée d'une coupole et percée sur la périphérie de deux hublots, elle était circulaire. »
Et il poursuivit : « J'ai arrêté aussitôt mon moteur, mais comme je tentais de m'approcher, l'engin s'est élevé sans bruit et sans aucune émission de fumée ou de flammes. J'ai suivi son ascension verticale durant cinq mètres, mais la pénombre et le brouillard m'ont empêché de suivre son évolution. Sur le sol, je n'ai aperçu aucune trace. Après mon service, je me suis arrêté de nouveau sur les lieux, mais là encore, je n'ai pu relever le moindre indice. »
Une corrélation possible
M. Thiriet, qui est un homme posé, ne semble pas pouvoir être le jouet d'une hallucination. De plus, sa conviction peut être chargée par des observations qu'ont enregistrées deux de ses collègues.
Ceux-ci, durant leur service au centre d'Écrouves, virent évoluer, le même jour vers 16 heures, en direction N.-E un disque qui laissait derrière lui une traînée rougeoyante.
Par ailleurs, le même jour, à Longwy, un observateur aperçut, à 1 h. 30, un phénomène identique. C'est ce qui fait supposer à M. Thiriet qu'une corrélation entre ces trois visions est plausible.
Une simple hypothèse
Ce Toulois qui, depuis sa surprenante apparition, dévore avec intérêt tout ce qui touche au mystère des soucoupes, ne penche par pour l'explication martienne, en raison de la distance qui sépare la terre de cette planète. Il suppose plutôt qu'il s'agit d'armes secrètes construites par une puissance étrangère. Il n'exclut pas toutefois l'hypothèse de la construction de ces engins par des habitants d'une « 6e partie du monde ». En d'autres termes, l'Antarctique, qui fut désigné, il y a près de dix ans, comme le refuge de sommités politiques et scientifiques étrangères...
Dans ce domaine, où la vérification est malaisée, toutes les théories sont bonnes !
Quoi qu'il en soit, il est certain que les déclarations du surveillant de pénitencier permettront désormais aux Toulois de déclarer, non sans fierté, qu'ils ont eux aussi « leur » soucoupe. - A.
Quand Roger Thiriet émet la thèse complotiste d'engins construits au Pôle Sud, « refuge de sommités politiques et scientifiques étrangères », il faut comprendre une technologie mise au point par les anciens hauts dignitaires du régime nazi, en fuite depuis la fin du Troisième Reich en 1945 ; ils se seraient cachés sur ce continent pour commencer, dans le plus grand secret, la reconstruction de l'empire détruit de Hitler. Ce spectre, qui a hanté les esprits dix ans en arrière et qui a engendré un véritable traumatisme, est toujours très présent dans l'atmosphère de 1954.
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| « Coiffée d'une coupole, percée de hublots, sans vie apparente à bord » in L'Est Républicain, Édition Toul Mercredi 20 octobre 1954 (Numéro 22.812) |
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| « D'après les déclarations de M. THIRIET, l'appareil rencontré devait se présenter à peu près sous cet aspect. » |
En ce XXIe siècle, l'anecdote refait son apparition de manière épisodique, premièrement sur mon précédent blog, le mardi 20 janvier 2009, ensuite dans les colonnes de L'Est Républicain, le dimanche 1er juillet 2018, dans la rubrique « Les incroyables histoires de Meurthe-et-Moselle », enfin le dimanche 24 janvier 2021, dans « Le “ savez-vous ? ” du jour ». Aujourd'hui et soixante-dix ans après, le mystère reste entier et la « vague de 1954 » continue de faire couler beaucoup d'encre !
| « Roger et le mystère de la soucoupe » in L'Est Républicain, Édition Toul Dimanche 1er juillet 2018 |




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